« Au bout du fil » : une performance généreuse et poétique

Après sept représentations à succès à Paris, la pièce de théâtre « Au bout du fil » s’envole vers Avignon en juillet, prête à conquérir de nouveaux spectateurs.

Avant cela, sa captivante interprète, Gabrielle Gay, nous accorde une interview où elle nous livre ses impressions sur la préparation de son personnage, l’accueil du public lors de ses représentations au théâtre du Gouvernail, ainsi que les raisons pour lesquelles il ne faut pas manquer ce spectacle unique. Plongez dans l’univers vibrant et poétique de « Au bout du fil », où le corps, le texte et la vidéo se mêlent pour offrir une expérience théâtrale hors du commun.

 

En quelques mots, de quoi parle le spectacle ?

C’est une femme qui est dans son appartement et qui fait un peu le bilan de sa vie. Elle va se perdre dans ses souvenirs, plutôt lourds. À travers elle, le public et elle-même vont reconstituer son histoire et démêler le puzzle.

 

Comment avez-vous découvert le texte et qu’a-t-il suscité auprès de vous ?

J’ai passé un casting après avoir vu une annonce. Il n’y avait pas beaucoup d’infos, mais il y avait le mot contemporain, ce qui m’a plu. J’ai envoyé ma candidature. L’autrice et l’assistant à la mise en scène m’ont contactée. J’ai passé le casting en dernier, parce que j’avais eu une obligation familiale. Je suis arrivée avec toute ma maladresse, en faisant tomber des trucs et en me pétant presque la gueule. Pierre Richard bonjour, comme d’hab. Apparemment, ça les a beaucoup séduits. Le soir même, ils m’ont appelée pour me dire qu’ils m’avaient choisie. Ensuite, j’ai pu lire le texte en entier. C’était impressionnant de maturité par rapport au jeune âge de Juliette qui l’a écrit alors qu’elle avait tout juste 20 ans. C’était super poétique et très organique. J’ai tout de suite eu envie de défendre ça.

 

Au bout du fil (1)

 

Quelle est la genèse du projet ?

Apparemment, elle s’est beaucoup basée sur des histoires qu’elle avait entendues autour d’elle, de ses amis et de ses proches. Elle a aussi voulu traiter de la condition de la femme. Elle venait de sortir de l’école et elle voulait monter quelque chose de pro assez vite. C’était il y a un an tout pile. On a très vite parlé de programmation et d’Avignon. Je me rappelle lui avoir dit que c’était un peu prématuré, car le spectacle vivant doit avoir de l’argent pour se faire. Pour aller à Avignon, il fallait une programmation en amont pour tester le spectacle. C’est plus risqué d’aller là-bas sans quelque chose qui a été testé avant. Je pense qu’on était trois tarés et on s’est dit qu’on allait le faire… Vogue la galère !

 

Que pouvez-vous nous dire sur la compagnie porteuse du projet ?

Elle est toute neuve ! C’est son tout premier projet. L’administration, la création et tout le tralala se sont faits au mois de septembre 2022. C’est une bébé compagnie qui a déjà en route son deuxième projet et qui a de l’ambition. La preuve, leur deuxième projet compte sept ou huit personnes au plateau. Un joyeux Hunger Game !

 

Sur scène, vous effectuez une véritable performance. Comment avez-vous préparé le personnage ?

Elle a mis le temps à venir et à trouver sa place. Il fallait déjà que je m’habitue au fait que je suis toute seule sur scène. Il n’y avait que nous deux et on devait prendre le temps de se trouver jusqu’à s’apprivoiser. Au-delà de se trouver, on devait se rencontrer. Quand je me suis sentie en confiance avec « elle », je me suis laissée complètement glisser. Je crois qu’on a vibré fort toutes les deux. Et j’aime foutrement lui donner la parole à cette femme. Parce qu’elle me touche. Je ne me retrouve pas dans sa vie, quoique certaines choses d’elle me touchent un peu. Mais je voulais impérativement me dégager de « moi ». C’est donc venu progressivement. Il y a eu une sorte de révélation pour moi par le corps. À un moment donné, j’ai été possédée par elle et elle a pris l’espace, elle a pris corps avec moi et elle a pu sortir à travers ma gorge. Ça a été long. Il y a eu beaucoup de doutes et je me suis remise en question. Je me suis demandée si j’étais capable de la faire résonner, parce que le personnage et l’histoire sont vraiment denses. Tout est dense et tellement riche que tu peux te perdre et en faire une sorte de caricature, alors que ce n’est pas le cas. Ça n’a vraiment pas été facile, alors que pourtant, j’ai un peu de bouteille. (rires) On a principalement travaillé en résidence. Au début, on a beaucoup lu le texte pour le décortiquer. D’ailleurs, à un moment, j’en avais marre de le lire. J’avais envie d’être dans le feu de l’action. Mais ça, c’est parce que je suis quelqu’un d’impatient. Mais la vérité, c’est qu’il y avait vraiment besoin de faire ce travail de table. J’admets. (rires)

 

Au bout du fil (2)

 

Chaque rôle est bien évidemment différent. Néanmoins, où pourriez-vous exprimer une différence par rapport à d’autres interprétations que vous avez faites dans d’autres œuvres ?

Déjà, je suis toute seule. C’est pas le même délire ! Ça change tout. Il n’y a rien de comparable. On a l’impression de connaître son métier et finalement, non. On réapprend, on apprend. C’est grisant et terrorisant à la fois. Ça fout la trouille de se sentir si vulnérable par rapport à un métier que l’on connaît plutôt bien et d’avoir cette sensation d’être à poil. C’est un vrai défi de se dire que pour la première fois, tu vas interpréter une histoire en étant seule. On revient encore à ça, pardon, mais c’est tellement différent. J’ai l’impression d’avoir grandi. Je ne sais pas comment dire. D’un côté, c’est comme si tu sautes d’une falaise et qu’il n’y a pas d’accroche, mais c’est chouette de tomber. Je crois que je suis devenue un peu plus adulte. Mais pas trop, faut pas déconner ! (rires)

 

Vous avez eu l’occasion de jouer « Au bout du fil » durant quelques dates au théâtre du Gouvernail afin de pouvoir le roder. Quel est votre ressenti vis-à-vis de l’accueil du public ?

Ça me gêne toujours un peu de parler de ça, parce que ça me donne l’impression de parler à la place des gens. Je ne sais pas, je dois être pudique. Mais les retours étaient fous ! Il n’y a eu que des super retours. Les mots qui revenaient le plus souvent, je crois, étaient « performance » et « générosité ». Bien évidemment, que le texte était très bon. C’est plutôt chouette pour une comédienne de se dire que l’on arrive à sublimer les mots de l’auteur, je trouve. Ça m’a remplie de fierté. Il y a pas mal de gens qui m’ont aussi dit que je devais être rincée… et c’est le cas ! Et on adore. On veut être rincé !!!

 

Pourquoi aller voir le spectacle ?

Parce que ça déborde, c’est putain de vivant, putain de poétique. Parce que ce n’est pas tendre, parce que ça remue. Parce que c’est une très jolie histoire. Parce que c’est comme la vie. Et parce que aussi, c’est protéiforme : il y a de la vidéo, de la voix-off, du corps, du texte. C’est un bébé spectacle et il faut soutenir la jeune création.

 

« Au bout du fil » se joue du 7 au 30 juillet au théâtre de l’Observance à 20h25, avec des relâches le lundi et une relâche le 23 juillet.

Pour plus d’informations : https://www.theatredelobservance.com

 

Affiche "Au bout du fil"

 

Une ligne éditoriale forte et variée

Au cours du deuxième semestre de 2023, DENAN Productions élabore sa stratégie pour les années à venir en construisant une ligne éditoriale adaptée à sa vision et destinée à toucher le cœur du public.

Un parcours sincèrement touchant

“La trajectoire des gamètes”, porté sur scène par la comédienne Cécile Coves, se joue depuis le 24 janvier 2023 au théâtre de la Manufacture des Abbesses.

DENAN Productions : une nouvelle ère

DENAN Productions étend son rayonnement international avec l’ouverture de sa filiale française en juillet 2023, déployant ainsi sa créativité vers de nouveaux horizons.