Dans le cadre du film « Quatre Saisons », actuellement en préparation, nous nous sommes entretenus avec la réalisatrice Chloé Delest, qui nous en dit un peu plus sur le projet à venir.
Chloé Delest, vous êtes co-auteure de l’histoire de “Quatre saisons”. Pouvez-vous nous dire, en quelques mots, la manière dont vous est venue l’idée ?
J’ai eu une vision très claire de la scène de fin du film… Enfin, maintenant, elle est au début du film, étant donné que j’ai décidé de changer l’ordre de narration. J’avais cette image d’un couple en train de pleurer, en pleine séparation, et de la neige qui tombe derrière eux … J’ai écrit cette scène d’un premier jet. Elle était quasiment “parfaite”. Je l’ai assez peu modifiée depuis toutes ces années que je travaille sur le scénario, même si elle s’est affinée avec le temps. J’avais envie de parler du couple, de l’amour avec la volonté de proposer une œuvre esthétique et poétique.
D’ailleurs, vous l’avez pensé et écrit avec l’acteur qui tient le rôle principal, à savoir David Decraene. Combien de temps avez-vous passé à l’écrire ?
C’est après avoir rédigé la scène de fin que j’ai commencé à écrire avec David. L’écriture s’est étalée sur quatre ans. Bien sûr, il y a eu des périodes plus ou moins intenses. Il y a eu des moments où j’ai écrit toute seule, puis David m’a rejoint par la suite. Nous avons aussi fait des séances d’écriture avec mes acteurs Ronia et David lui-même. Mais tout au long de ce processus, je suis restée la principale auteure.
De quelle manière avez-vous fonctionné en tant que duo ?
Comme je l’ai précisé, après avoir écrit la scène d’hiver, nous nous sommes mis assez régulièrement à nous voir dans un café. Pendant plusieurs heures, nous avons réfléchi afin de tirer les ficelles de cette histoire. Il a fallu retracer le passé des personnages, connaître leur cheminement pour qu’ils en arrivent là et nous permettre de construire leur vécu. Et puis, nous avons écrit des scènes, des dialogues, des idées de mise en scène… Nous avons aussi cherché des influences.
Progressivement, la mise en scène s’est affinée en parallèle de l’écriture, à force d’échanges intellectuels et artistiques. Avec David, nous avons une sensibilité artistique semblable. C’est un bonheur de travailler avec lui !
Quelles sont les grandes thématiques du récit et pourquoi ?
La passion amoureuse, la liberté, l’enfermement… Je trouve que l’amour est un sujet inépuisable, même si tout a sûrement déjà été écrit, philosophé, filmé et bien plus encore ! Nous sommes tous en questionnement par rapport à ce sentiment, si fort et parfois, si contradictoire. C’est également quelque chose qui peut nous rendre forts et faibles. Nous faisons des films pour répondre à des questions, pour tenter de mieux comprendre l’humain.
S’il est question d’amour, il est surtout question de passion. Rose et Jim vont vivre un amour soudain et intense qui va les enfermer. Ils vont perdre leur individualité et ne faire plus qu’un. Mais avec le temps, cet amour va se fissurer, car ils étouffent et ont besoin de se retrouver.
Tel que vous l’avez précisé, deux personnages sont au centre de l’intrigue : Rose et Jim. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à leur sujet ? Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quels sont leurs traits de caractère ?
Jim est un écrivain. Il écrit des romans noirs et il est en passe de se faire éditer pour la première fois. Il galère et enchaîne les petits boulots. Il travaille en tant que vendeur dans une librairie, en attendant de vivre de sa passion pour l’écriture. Il mène une existence de bohème et vit dans un studio d’artiste, un héritage de sa famille. Il n’a pas de stabilité amoureuse, mais il rêve du grand amour.
Rose est prof de lettres à la fac. Elle est arrivée à Paris il y a un an. Elle a suivi un homme qui l’a quittée peu de temps après qu’ils se soient installés dans la capitale. Depuis, elle est en dépression. Elle a une double vie. La journée, elle enseigne à ses élèves et la nuit, elle traîne dans des bars à Pigalle. Ce sont deux grands romantiques, deux individus déçus par l’amour… et aussi deux âmes artistiques ! Même si Rose est professeur, elle joue du piano.
Vous serez la réalisatrice du film. À ce propos, vous avez une vision très précise de ce que vous voulez en termes d’images. Quelle est votre vision et quel type de réalisation comptez-vous mettre en scène ?
Nous suivons le rythme des saisons. C’est très important pour moi. Donc, pas de tournage en studio ou d’effets speciaux. Je veux un film organique où la beauté et les caprices de la nature ont toute leur place. Cette année, pour des raisons budgétaires, nous allons principalement tourner toutes les scènes en extérieur des quatre saisons avec une lumière naturelle.
Pour les scènes intérieures, comme dans le film LOVE de GASPARD NOÉ, il y aura une reconstitution de la lumière en lien avec les saisons traversées. Pour le printemps, une légère teinte rosée. Concernant l’été, ce sera du rouge. L’automne se composera de jaune et de marron. Et enfin, l’hiver aura une lumière bleutée. Il y a une vraie volonté de faire un film poétique, où la nature est comme un troisième personnage. À ce titre, l’œuvre de TERENCE MALIK se rapproche de mon idée de mise en scène. Il place ses personnages au centre de la nature.
Un ami a composé la musique du teaser du film. Pour moi, cela colle parfaitement à l’ambiance du long-métrage. J’aimerais des touches d’opéra, synonymes de grands sentiments et de puissance, avec parfois des touches de rock et aussi de jazz. En un mot, un mélange de plusieurs influences, comme pour marquer la complexité des sentiments.
Le montage aura une place importante. En effet, j’ai choisi de déconstruire l’histoire. Le film commence par la fin, puis nous plongeons dans un puzzle de scènes où les saisons se mélangent avec des “scènes de transition”.
Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés lorsque le film sera achevé ?
Une distribution avec ma société de production CAVALCADE FILMS avec la sortie en salles et, ou, plateformes / télé, mais aussi la diffusion en festivals.
Pour mener à bien le long-métrage, l’équipe du film a mis à disposition une cagnotte qu’il est possible de retrouver sur le lien suivant :